Le Jeune Romantique ou la Bascule littéraire
"(Le théâtre représente le salon de Dorfeuil.)DORFEUIL.Eh quoi ! vous prétendez que je prenne pour gendre Un de ces écrivains que l’on ne peut comprendre ; Un étourdi qui sort du collège, et qui croit Qu’un prix d’honneur lui peut à présent donner droit De régenter les chefs de la littérature ; Un fat qui refaisant la grammaire, censure Tous nos modèles, tous ! qui d’insipide auteur Traite Quinault ; Boileau, de versificateur ; Qui trouve qu’au-dessus de Racine et Malherbe Dubartas et Ronsard lèvent un front superbe ; Tolère un peu Corneille, et veut bien avouer Qu’en un temps de disette on a pu le louer ; Respecte aussi Molière et redoute son ombre ; Mais qui par des fragmens, écrits d’un style sombre, Par un ton de cynisme et d’informes essais, Remplace ces tableaux dessinés à grands traits Que gravaient sur le bronze et fixaient sur la toile L’éternelle raison, la vérité sans voile ?"