Les Révoltés scandinaves
A Copenhague, un matin, partant du port et laissant Christianshavn isolé dans la brume de l’île Amayer, engagez-vous dans l’Östergade, marchez cinq cents mètres environ, tournez à gauche et pénétrez d’un pied hardi dans une des ruelles étroites, boueuses, mal pavées, de physionomie louche, qui s’ouvrent devant vous. Quelques-unes vous mèneront à de graves hôtels historiques, clos de portes massives, endormis dans le lierre et les souvenirs ; la plupart vous jetteront en pleine clameur, à Slotsholm, la « Cité » de Copenhague, presque aussi vieille et plus pittoresque que la nôtre, — curieux quartier qu’enserre une forêt de mâts, lacis de canaux, fouillis d’îlots où campaient, entre deux aventures, les écumeurs du roi Duncan et où, le soir, quand, dans le brouillard qui rôde, s’allument les falots inquiets, tous les matelots du monde, privés d’amour après des traversées, viennent chercher les filles du Nord aux yeux étranges, aux cheveux pâles, au corps trop blanc.