Poésies de Th. Gautier qui ne figureront pas dans ses œuvres
"Bizoy quen ne consquaff a maru garu ne marnaff. (Ancien proverbe breton.)jamais je ne dors que je ne meure de mort amère.Les goules de l’abyme Attendant leur victime,Ont faimLeur ongle ardent s’allonge, Leur dent en espoir rongeTon sein.Avec ses nerfs rompus, une main écorchée Qui marche sans le corps dont elle est arrachée, Crispe ses doigts crochus armés d’ongles de fer Pour me saisir : des feux pareils aux feux d’enfer Se croisent devant moi ; dans l’ombre des yeux fauves Rayonnent ; des vautours à cous rouges et chauves Battent mon front de l’aile, en poussant des cris sourds : En vain pour me sauver je lève mes pieds lourds, Des flots de plomb fondu subitement les baignent, A des pointes d’acier ils se heurtent et saignent, Meurtris et disloqués ; et mon dos cependant Ruisselant de sueur, frissonne au souffle ardent De naseaux enflammés, de gueules haletantes : Les voilà, les voilà !"