"DANS tout gouvernement représentatif, l’approche périodique des élections est une époque d’effervescence, parce qu’alors toutes les passions sont en mouvement, et surtout celles qui tiennent à l’ambition, au désir d’augmenter sa fortune, son crédit ou sa dignité. Si, même dans les temps les plus paisibles, cette effervescence se fait sentir chez les Anglais, peuple froid, raisonneur, plus qu’aucun autre attaché à ses anciens usages et à ses vieilles institutions, combien plus doit-elle régner en France, nation vive, ardente, amoureuse de la gloire et de la renommée, dans le moment où elle sort d’une révolution, qui avait nivelé tous les rangs, et qu’avait momentanément remplacé une usurpation brillante de prestiges trompeurs, et qui, semblable aux récits fabuleux dont notre enfance a été bercée, nous a offert les sceptres et les couronnes, les pierres précieuses et l’hermine, les palais et les jardins enchantés, devenus tout-à-coup le partage de ceux que le sort avait fait naître pour gagner une modeste existence au prix de pénibles travaux ?"