Le Presbytère forcé ou la Prise du Petit Anvers
"Je chante le bonheur d’un dévot personnage,Ses talents, ses vertus, ses malheurs, son courage : Dix ans nourri gratis en mets fins et bonbons, Mais à la fin, hélas ! réduit à ses jambons. Aux maux qu’il ressentit de ce dur sacrifice S’unit l’amer regret de quitter un hospice Duquel, à tous moments, les plus beaux souvenirs De son cœur augmentaient les cruels déplaisirs.Muse, raconte-nous quel sujet déplorableLui fit abandonner la généreuse table, Où si longtemps heureux auprès de saintes sœurs, Il était seul l’objet de toutes les faveurs ; Dis comment la discorde, à nuire ingénieuse, Vint troubler une vie aussi délicieuse ; Dis comment du héros le valeureux savoir S’épuisa vainement à défendre un manoir, Pour la garde duquel sa gloire intéressée Mit pourtant tout le fiel de son âme offensée."