
Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction
Descriptif : “Moi”, écrit Nietzsche en marge de plusieurs passages de l’Esquisse pour marquer l’admiration qu’il porte à l’ouvrage de Jean-Marie Guyau (1854-1888), avant Léon Tolstoï ou Émile Durkheim. Philosophe précoce, poète, musicien, mort à 33 ans, Guyau ne propose pas tant de supprimer l’obligation ou la sanction que de les redéfinir à partir de la vie. Celle-ci est conçue dans les termes de la psychophysiologie comme l’épargne d’un surplus qui ne vise “qu’à se répandre” au moyen de l’action, pour “se partager aux autres”. Les préceptes de la morale s’en trouvent modifiés : l’immoralité devient ce qui limite la “poussée de la vie morale”, ou le devoir, une “surabondance de la vie qui demande à […] se donner”. Dans cette morale positive oubliée, réponse à l’utilitarisme anglais trop pessimiste et à la morale kantienne trop formaliste, la métaphysique trouve une place étonnante comme “risque de la pensée”.